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Note Audition et vie professionnelle

"Audition et vie professionnelle"

 

Une vue restrictive des problèmes d’audition

La prise en compte de l’audition dans les politiques publiques se limite souvent à deux aspects :

- les dégâts du bruit... et donc les métiers exposés à des bruits excessifs au travers des normes quantitatives du bruit au travail

- la surdité profonde ou totale : cf plan 2010-2012 en faveur des personnes sourdes ou malentendantes ; cf document INPES "le rapport à la santé des personnes sourdes et malentendantes" avril 2012

Sur les 9% de la population touchée par la malentendance (près de 6 millions), les sourds profonds ou totaux ne représentent que 170000 personnes (3%) dont moins de 80000 pratiquent la LSF. S’il est légitime que les sourds gestuels trouvent les moyens de communiquer dans leur langue, il n’est pas légitime de l’attribuer aux malentendants.

Tout comme il est restrictif de limiter l’audition au travail aux normes de bruit et aux surdités professionnelles

Au travail, l’audition c’est capital

Plus de 2,2 millions touchées par la malentendance ont moins de 60 ans.

Le plus grand nombre n’exerce pas un travail à risque auditif identifié.

L’immense majorité sont atteints de baisses auditives "légères" à moyennes ( environ 88%)

C’est l’ensemble des conditions de vie qui conduit à une usure prématurée du système auditif.

Mais tous voient leur vie professionnelle menacée !

Dans la vie professionnelle, nous avons tous une obligation de résultat dans la communication. Mal entendre mène vite à des impasses, ruinant toute évolution de carrière, voire aboutissant au chômage. Une audition mal protégée, un cadre de travail auditivement mauvais, une malentendance dépistée trop tard, une malentendance mal compensée, c’est une perte de compétence pour l’entreprise, c’est une menace d’exclusion pour la personne malentendante.

Les réponses apportées se limitent trop souvent aux seules prothèses auditives, nécessaires mais insuffisantes.

L’accompagnement des malentendances doit intégrer l’analyse des situations de communication au travail . Et elle doit aboutir à la mise en œuvre de stratégies globales de compensation qui peuvent seules assurer une communication optimale.

Une prise en compte limitée

Nous avons la chance d’avoir une des meilleures réglementations du bruit au travail, qui a considérablement réduit les surdités professionnelles lorsqu’elle est bien respectée.

Par contre, la prise en compte globale de l’audition en santé au travail est loin d’être une réalité.

Seuls les professionnels exposés à un risque identifié ou exerçant des fonctions de sécurité bénéficient d’un suivi auditif.

La plupart des salariés ne bénéficient pas de dépistage auditif, alors que la vision est régulièrement contrôlée. Lors d’un colloque régional du syndicat FO, à peine une vingtaine de personnes sur plus de 300 avaient eu un contrôle auditif.

Alors que 80% des emplois sont dans le tertiaire, la malentendance a rapidement des conséquences négatives et menace la poursuite de la vie professionnelle. L’usure du système auditif (presbyacousie) est due tant aux conditions sonores au travail (cf open space, commerce...) qu’aux conditions de vie.

Lors de nos formations ou de nos journées de sensibilisation, nous sommes à chaque fois confronté à des situations absurdes de salariés malentendants "légers" qui sentent leur vie professionnelle au bord du basculement. Alors qu’ils pourraient compenser très correctement leur problème s’ils bénéficiaient d’un accompagnement approprié analysant les situations de communication de leur poste et de travail et si on leur proposait l’ensemble des stratégies de compensation appropriées.

Alors que l’évolution des connaissances et les progrès techniques vécus depuis 40 ans devraient permettre de faire face le plus précocement possible aux malentendances.

Les obstacles à lever

1 - la confusion surdité-malentendance, porteuse d’image négative entrainant le déni des malentendants "débutants"

2 - la monoculture de l’appareillage auditif, nécessaire mais insuffisant. Il doit laisser place à une analyse approfondie des situations de communication de la personne pour aboutir à la mise en oeuvre de toutes les stratégies de compensations : techniques, orthophoniques, psychologiques, acoustiques, sociales

3 - l’information sur les prises en charges des compensation

Un besoin de formation et d’information des professionnels de santé au travail

Lors de nos actions dans le monde du travail, la méconnaissance des problèmes d’audition est flagrante

- chez les salariés et managers lors des actions de sensibilisation

- chez les professionnels de santé au travail lors des journées de formation : médecins du travail, infirmiers, IPRP, ergonomes.

En témoigne les évaluations de la formation pour les personnels de santé au travail de la SNCF : plus de 90% ont appris quelque chose sur l’audition et les compensations et comptent l’utiliser.

 


 

FORMATIONS SNCF 2012/2013

151 questionnaires analysés

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CONTENU PEDAGOGIE

 

 

 

GLOBAL

Adéquation entre attentes et formation

Qualité animation

 

 

 

Très bien

100

66,23%

112

74,17%

 

 

 

Bien

45

29,80%

36

23,84%

 

 

 

Moyen

3

1,99%

1

0,66%

 

 

 

A revoir

0

0,00%

0

0,00%

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VOTRE OPINION

 

GLOBAL

Avez-vous appris sur audition

Avez-vous appris sur compensation

Utiliserez-vous

 

Oui

141

93,38%

146

96,69%

137

91,94%

 

Non

9

5,96%

4

2,65%

0

0,00%

 

Ne sait pas

0

0,00%

0

0,00%

12

8,05%

 

 

 

Malheureusement, nous n’arrivons pas à toucher les services interprofessionnels de santé au travail qui suivent l’immense majorité des salariés.

L’AFOMETRA, structure de formation du CISME qui regroupe la plupart des services de santé au travail, ne trouve pas nécessaire d’organiser de telles formations. Elle considère que ces formations sur le risque bruit répondent aux besoins en la matière. Lors du plan de formation SNCF, Le Dr Izar, médecin principal SNCF pilotant le plan de formation, avait invité AFOMETRA et CISME à participer à une journée de formation. Ils ne sont pas venus.

 

Actions vers les professionnels de la santé au travail

Si la sensibilisation de l’ensemble de la population active est importante, elle ne pourra porter pleinement ses effets que si les professionnels de la santé au travail, mais aussi les managers et les représentants des salariés, sont informés et formés aux problèmes d’audition et de malentendance, et aux réponses disponibles.

Manifestations nationales ou régionales d’information

Vie Quotidienne et audition a organisé deux manifestations sur cette thématique avec le Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit (CIDB) :

- colloque "qualité sonore et confort auditif dans le tertiaire" - octobre 2011 -250 participants

- forum "bien s’entendre au travail" - 2 juillet 2013 - 170 participants, avec ateliers pratiques.

Les participants étaient surtout des professionnels de grandes entreprises touchés via les "mission handicap" (médecins, responsables handicap) et des professionnels de l’acoustique.

Des journées de première information vers les professionnels de la santé au travail pourraient être organisé au national ou en régions.

Pour toucher les services interprofessionnels, nous avons besoin du soutien officiel et de la participation du Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social.

Fort de ce soutien, nous pourrons solliciter des fondations ou de grandes entreprises pour apporter une part de financement.

NB - en 2003, président de la Journée nationale de l’Audition (2000-2002), Jérôme Goust avait organisé la campagne "au travail, l’audition c’est capital" à destination de tous les services de médecine du travail. Si la plupart d’entre eux avaient diffusé l’information (affichettes, dépliants), le retentissement avait été limité par l’absence d’action d’information des médecins et infirmiers du travail.

Journées de formation

Le plus important serait de développer les formations "audition et vie professionnelle" auprès des services (en particulier interprofessionnels) de santé au travail.

Le soutien du Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social pourrait seul débloquer la situation en ce sens. Le relais des médecins inspecteurs régionaux peut être crucial. Une première action serait de leur exposer la problématique.

Campagne d’information

Enfin, une campagne d’information en direction du monde du travail pourrait être organisé avec VQA et le CIDB.

Elle prendrait en compte le travail effectué depuis 2003, dont rend compte la seconde édition du guide "audition et vie professionnelle".

 

 

 

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